Généreuses légumineuses

Haricot blanc ou rouge, pois cassé, fève, lentille, soja, autant de noms qui réveillent nos papilles et nous laissent rêver de de légumes vapeur, de jardinières goûteuses, de plats traditionnels régionaux ou exotiques… Mais avant de les décliner de mille façons en cuisine, il est un autre endroit qui apprécie leur présence : le potager. Alors même que le changement climatique nous met au défi de trouver des cultures plus respectueuses des ressources de notre planète, les légumineuses répondent point par point aux problématiques actuelles.

          1. Une culture respectueuse de l’environnement

Une quarantaine d’espèces et plus de 18000 variétés disséminées aux quatre coins du monde constituent cette famille haute en couleurs et en saveurs. L’apparition des premières légumineuses date de plusieurs millions d’années. Elles appartiennent au groupe des légumes ; leur étymologie est d’ailleurs très proche. Leur particularité : leurs fruits sont des gousses et l’on consomme les grains secs qui sont à l’intérieur de celles-ci, contrairement à d’autres légumes, dont on mangera les feuilles, les racines, les fleurs ou les fruits entiers.

Cultivées au potager, elles ont des avantages majeurs sur (et pour) bon nombre d’autres espèces.

  • Elles captent et fixent l’azote de l’air dans le sol

En effet, les bactéries fixatrices d’azote viennent se loger dans les racines des légumineuses. Celles-ci restituent ensuite l’azote de l’air dans le sol. Ainsi, les cultures entreprises sur la même parcelle, à la suite des légumineuses, bénéficieront de cet apport naturel d’azote et verront leur croissance grandement améliorée, sans besoin d’un apport supplémentaire en engrais. Les légumineuses contribuent donc à la réduction des gaz à effet de serre.

  • Leurs racines profondes ameublissent le sol

Le système racinaire des légumineuses, très ramifié et parfois profond, contribue à décompacter et aérer le sol. L’air et l’eau peuvent ainsi pénétrer en profondeur, ce qui profite à la biodiversité qui s’y développe mieux.

  • Elles sont peu gourmandes en eau

Contrairement à d’autres cultures comme celles des légumes fruits (tomates, melons, pastèques, courgettes…) ou des légumes feuilles (laitues, chicorées, mâches…), les légumineuses se contentent de peu d’eau.

  • Les fanes ont aussi leur utilité

Les résidus des plantes de légumineuses, une fois la production récoltée, peuvent également servir de paillage, voire de complément au compost. Leur apport en azote est aussi intéressant pour la nutrition animale, bénéficiant à la croissance et à la santé des animaux d’élevage.

          2. Des légumes gorgés de bienfaits

Riches en minéraux, en vitamine B, en nutriments, sources de protéines végétales, contenant très peu de graisses et pas du tout de gluten, les légumineuses ont décidément autant d’atouts dans l’assiette qu’au jardin.

Il existe, à travers les continents, de nombreux plats traditionnels cuisinés à base de légumineuses. Parmi eux, le célèbre houmous méditerranéen ou les falafels libanais, à base de pois chiche, le chili con carne mexicain et ses haricots rouges, le dal indien aux lentilles corail, sans oublier les spécialités de nos régions comme le cassoulet. Les légumineuses sont un excellent moyen de parcourir le monde en cuisine et de découvrir ou re-découvrir toutes les saveurs et les multiples façons de préparer et d’utiliser ces petites graines.

          3. Une source d’espoir pour la planète

Domestiquées près de 8000 ans avant J.C., elles ont longtemps représenté l’essentiel du régime alimentaire des populations. Puis, en Europe, elles ont été peu à peu délaissées pour un autre type de régime alimentaire, plus riche en viande, en laitages et en autres légumes. En 2016, selon la FNLS (Fédération Nationale des Légumes Secs), la consommation de légumineuses en France plafonnait à 1.42 kg par an et par personne.

C’est pourquoi la FAO, connue en France sous le nom d’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, fait de la promotion des légumineuses un de ces chevaux de bataille. Cette agence de l’ONU, qui lutte pour la sécurité alimentaire à l’échelle planétaire, promeut l’utilisation des légumineuses à la fois en agriculture et dans la cuisine. Leur intérêt sur le plan économique, facilité de culture, rendement et conservation font d’elles une véritable source d’espoir pour réduire la faim dans le monde en limitant le recours à l’élevage intensif ou à l’épuisement des sols. A titre de comparaison, produire un kilo de lentilles nécessite près de quatre fois moins d’eau qu’un kilo de volaille.

Après l’Année Internationale des Légumineuses (AIL) en 2016, une journée mondiale des légumineuses a été introduite en 2019, le 10 février, pour rappeler chaque année au monde entier à quel point elles peuvent jouer un rôle majeur dans notre alimentation d'aujourd’hui, mais surtout de demain. Et si le futur, dans nos assiettes, s’écrivait en petites graines ?