Drôle de binette !

Ah ! le printemps resplendit de toute sa verdure ; la nature s’épanouit ; le jardinier observe avec émotion semis et plants germer puis croître sous les rayons bienfaiteurs. Tableau idyllique, bien souvent terni par l’arrivée concomitante des envahisseuses : les mauvaises herbes.  Ou plutôt les indésirables. Car certaines sont gorgées de vertus, sauf celle de pousser au bon endroit !

Savamment appelée adventices (du latin adventicus « qui vient de l’extérieur »), l’herbe indésirable se définit, pour le jardinier, par une plante qui pousse dans un lieu (potager, massif, gazon), sans y avoir été invitée. Selon l’endroit et la plante en question, certaines seront tolérables, alors que d’autres deviendront rapidement les ennemis à éradiquer de toute urgence.

Par exemple, les tomates ne souffriront pas de la présence de quelques herbes à leurs pieds, étant donné leur hauteur une fois tuteurés. En revanche, il sera plus compliqué de faire le tri entre pousses de laitues et mauvaises herbes, les premières semaines suivant leur germination.                   

Heureusement, comme toujours au jardin, à chaque problème sa solution. Et même ses solutions !

  1. Pailler, c’est gagné !

Nous avons déjà évoqué les vertus du paillage pour qui souhaite jardiner sans trop s’embêter. Il a notamment l’avantage de limiter l’apparition des mauvaises herbes.  

L’action est simple : le paillage revient à appliquer une matière ou un mélange de matières sur le sol, afin d’empêcher les rayons du soleil de l’atteindre. Ainsi, les graines enfouies à cet endroit, privées de chaleur, ne germent pas.

Pailler revêt également bien d’autres avantages, comme limiter les arrosages, nourrir la terre, ou encore favoriser le maintien de la biodiversité.

Deux solutions s’offrent à vous :

  • utiliser des matériaux longue durée pour les massifs pérennes, les arbustes, les haies ; soit naturels (organiques comme l’écorce de pin, la jute, la fibre de coco, ou minéraux comme la pouzzolane et l’ardoise), soit synthétiques (film polypropylène ou PVC). Ces derniers, en plus de leur pérennité, permettent de couvrir de grandes surfaces à moindre coût. En rouleaux ou plaques, pour une facilité de pose non négligeable, ils existent en forme de cercle , pour pailler le pied des arbres ou arbustes.

 

  • utiliser des matériaux à durée de vie plus courte et plus légers (paille de céréale, de lin, de chanvre, de miscanthus…) pour le potager, qui peut connaître plusieurs vies dans la même année ! Les paillages d’origine végétale, au-delà de leur fonction anti-adventices, vont progressivement se décomposer et enrichir le sol en matières organiques.

 

Un inconvénient : plus la surface à pailler est grande, plus la tâche est ardue et plus le coût est élevé, dans le cas de paillage acheté.

Avant de pailler, il convient de respecter deux règles fondamentales : attendre que le sol soit réchauffé par quelques jours de soleil et que les plantes aient suffisamment poussé pour former des pieds endurcis. Ceux-ci seront moins facilement dévorés par les petits rongeurs ou les limaces, attirés par le paillage organique.

 

 

 

         2. Opter pour les engrais verts

Au potager, le semis d’engrais verts est une solution idéale pour éviter de voir son sol envahi d’indésirables. Le terme « engrais verts » regroupe différentes plantes qui, une fois broyées, peuvent être enfouies pour enrichir la terre en matières organiques, l’aérer et la structurer, afin d’être fine prête à accueillir de nouvelles cultures. C'est le cas de la luzerne, de la moutarde blanche, du trèfle blanc ou incarnat et de la vesce, pour ne citer que les plus utilisés.

Semés assez dense entre deux cultures, rien ne poussera dessous ! Double effet : pas d'adventices et un sol bien nourri. Attention à bien les couper avant que de nouvelles graines se reforment, au risque de les voir pousser entre vos futures cultures et devenir, à leur tour, des indésirables !

       3. Berner les indésirables avec le faux semis

Cette technique demande, elle aussi, un peu d’anticipation. Simple comme bonjour, elle consiste à préparer son sol comme si on allait semer et… ne pas semer ! Les adventices enfouies dans la terre vont rapidement pointer le bout de leur nez, ou plutôt de leur tige, et il vous suffira d’empoigner un râteau pour venir les en déloger. A ce stade très précoce, elles seront faciles à enlever. Deux ou trois passages suffiront.

Votre sol sera ensuite exempt de mauvaises herbes et prêt, cette fois, à recevoir les semis de vos futurs légumes ou fleurs.

  4. Biner, sarcler, griffer… bref, maîtriser le lexique du jardinier !

Ces trois termes découlent du nom des trois objets qui peuvent servir à retirer les mauvaises herbes. Le sarcloir s’utilise plutôt en surface, tandis que la binette (ou serfouette) et la griffe iront un peu plus en profondeur, pour nettoyer un sol dur ou déjà travaillé.

Avantage supplémentaire : le sol est ameubli, ce qui va faciliter la pénétration de l’eau en profondeur, pour le plus grand bonheur de vos plantations. Le moment est venu de lancer cet adage propre au jardinage : « un binage vaut bien deux arrosages » ! Et même trois, si vous paillez après ça ! La terre conservera son humidité, il n’y aura pas de risque de lessivage, et les mauvaises herbes ne pourront plus se développer.

Manier la binette, c’est l’assurance d’un jardin sans visiteur inopiné et d’un corps de rêve pour le jardinier ! Dire qu’avant, on utilisait des désherbants !